Série Signos Vitales-

Série Signes Vitaux

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Cement - St
100 x 150 cm & 40 x 60 cm
Cementerio - Tarjeta
100 x 150 cm & 40 x 60 cm
   
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Cementerio 26
60 x 90 cm & 40 x 60 cm
Cement greg
60 x 90 cm & 40 x 60 cm
   
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Verticalconpiedras
90 x 60 cm & 60 x 40 cm
Cementario Tumbav
90 x 60 cm & 60 x 40 cm
 

Rosalia MAGUID


Recuerdame

" Souviens-toi de moi "

En 1889, à bord du vaisseau " Wesser ", en provenance de Kiev, les premiers immigrants juifs arrivent en Argentine. Ils sont logés à l'hôtel des immigrés, dans le port de Buenos Aires. Après les formalités de recensement, ils sont embarqués dans un train qui les conduira vers leurs nouvelles terres.

Une nouvelle vie commence alors pour tous ceux qui ont fuit la misère et la persécution, en provenance de Russie et d'Europe Centrale. Le train traverse la province de Buenos Aires, et finit par s'arrêter au nord de la province de Santa Fé, au milieu des terres données par Monsieur Palacios à la Jewish Organisation.

Hélas compte tenu de l'insalubrité du site, du manque d'eau et de la précarité des logements de fortune, 62 des 130 enfants et presque toutes les personnes âgées décèdent de maladie de la peste et autres maux. Certains essaient de trouver leur salut en reprenant la route, Ils créent alors Moisés Ville, transformant ces terres fertiles en de vastes étendues agricoles.

Un siècle plus tard, réveillée par les échos de la mémoire familiale, Rosalia MAGUID, médecin et photographe, sort de l'intérieur d'un vieux coffre des nappes de coton brodées par ses aïeules. En effet en 1889, à l'âge de 7ans, la grand-mère maternelle de Maguid, née à Kiev (Russie),débarque à Buenos Aires. Elle leur colle de vieilles photos de famille griffonne sur des plats anciens des mots d'hébreu, tisse des bandeaux de célébration. Ces nappes deviennent "les territoires de la mémoire", le fil qui lui permet de tisser la trame de fond d'une nouvelle histoire, après tout MAGUID est celui qui transmet.

Rosalia quant à elle finit par entreprendre ce voyage tant de fois retardé. Munie de son appareil photo, elle se rend à Moisés Ville. Et sans pouvoir s'arrêter, elle presse le poussoir devant les bâtiments publics, les synagogues, les cimetières. Une étrange sensation l'envahit, ces édifices abandonnés sont remplis par le spectre de l'absence, par la solitude. Tout est là imprévu.

De retour à Buenos Aires, Rosalia entreprend à l'aide de programmes digitaux de rendre les sensations qu'elle a vécu à Moisés Ville, dépouillant chaque photo de sa dimension sociale, pour ne lui conserver que sa dimension spectrale, presque fantomatique. Les fenêtres, les portes, ces bâtiments presque transparents, sont autant d'espaces vides qui tardent à se rendre visibles.

Le spectre se décline en une série infinie de courbes, de lignes à inflexion variable, sans point de vue précis. Le spectral établit un pont entre la mort et le souvenir, entre le contenu et le contenant alors que le spectre vide de sa substance toute chose, pour ne laisser paraître que la lumière irradiante. L’œuvre de Rosalia MAGUID rend visible l'invisible, les ténèbres de l'immense abîme, elle jette le spectateur dans la nuit, comme les premiers immigrants, jetés dans l'inconnu.

Camilo RACANA (septembre 2003)

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